Disco and Atomic War (Jaak Kilmi) est un excellent documentaire estonien à saveur autobiographique sur la culture populaire estonienne en plein régime soviétique. De par leur proximité avec la frontière finlandaise, la famille du jeune Jaak Kilmi capte les postes de télé de l'Ouest. Ainsi, les habitants de cette région estonienne ont pu goûter à la culture populaire américaine en écoutant des séries comme Dallas et d'autres émissions de variété sur la danse disco. Le cinéaste part de cette expérience personnelle pour retracer l'impact de cette culture illégale en Union Soviétique sur la population estonienne. En plus de son témoignage et de celui de ses concitoyens estoniens, qui ont toujours su déjouer les règles de Moscou afin de ne pas manquer le dernier épisode de Dallas, Kilmi a retracé et nous présente dans ce documentaire les directeurs des stations de télévision soviétiques et finlandaises de l'époque, en plus d'interviewer historiens et autres spécialistes des médias. Le tout donne un documentaire extrêmement efficace, par son ton à la fois léger et divertissant, et par son contenu très recherché et intelligent. Des reconstitutions historiques bien mises en scènes qui illustrent le propos et de nombreuses images d'archives agrémentent le film. Disco and Atomic War a tout d'un bon documentaire: de l'information intelligente et pertinente, amenée dans une mise en scène énergique qui donne un rythme et une dynamique à l'écoute. En espérant que ce film se pointe un jour sur les écrans montréalais.
En revanche, L'Encerclement (Richard Brouillette) n'a rien des qualités nommées du dernier film... Bien que son contenu soit tout aussi intelligent et important, la mise en scène gâche tout l'intérêt du documentaire et rend le visionnement extrêmement pénible. Dommage, puisque ce documentaire est rempli d'intervenants exceptionnels (Noam Chomsky, Normand Baillargeon, Ignacio Ramonet, entre autres). Avec un sujet aussi lourd que le néo-libéralisme et de comment ce paradigme est devenu le seul possiblement acceptable dans les sociétés modernes, Richard Brouillette aurait eu intérêt à filmer ses intervenants en couleur, à narrer son film et à combler les longs plans séquences d'entrevues avec une musique moins dramatique et plus d'images d'archives. Car présenté tel comme il est, L'Encerclement aurait tout aussi bien pu être un livre, tellement l'audiovisuel n'apporte rien au contenu. Un film très académique, extrêmement utile comme outil d'apprentissage, mais d'aucun intérêt cinématographique. Par son aspect vieillot et sa longueur interminable (2h45), ce film n'atteindra pas un public plus large que celui déjà conquis par l'idée anti néo-libérale. Dommage.
Dans le fond, le traitement rend le film inacessible. Quelle idée de faire un tel film si c'est pour parler d'un sujet aussi important et de le rendre insupportable à l'écoute.
RépondreSupprimerMais en même temps, cette exploration formelle peut être intéressante, mais le cinéaste sacrifie la portée de son sujet. Dommage tout de même qu'il ne soit pas disponible au Québec, sa province d'origine.